La perspective de la deuxième personne est aujourd’hui considérée comme centrale pour comprendre l’éthique et la responsabilité, parce qu’elle structure l’idée même d’obligation comme relation d’adresse entre des personnes qui peuvent se demander des comptes.​

Adresse, revendication et autorité morale

Stephen Darwall définit la « seconde personne » comme la perspective que « toi et moi » adoptons lorsque nous nous adressons des exigences, des réclamations ou des reproches quant à notre conduite.pmc.ncbi.nlm.nih+1​
Être sous une obligation morale, ce n’est pas seulement avoir de « bonnes raisons » abstraites, mais être exposé à des demandes légitimes de la part d’autrui, qui présupposent une autorité pratique réciproque et une dignité égale.periodicos.ufsc+1​

Responsabilité et imputabilité

Dans ce cadre, être responsable signifie être en position d’être tenu pour comptable de ses actes par d’autres, à travers des attitudes comme le blâme, le ressentiment, la gratitude, le pardon ou la demande de réparation. Les réactions dites « réactives » (Strawson, repris par Darwall) sont des formes d’adresse en deuxième personne qui manifestent que l’autre est reconnu comme agent capable de répondre à des raisons, et donc comme sujet imputable.philarchive+1​

Se tenir soi-même responsable

La deuxième personne intervient aussi dans la responsabilité envers soi-même, car « se reprocher » ou « se sentir coupable » revient à adopter envers soi une attitude analogue à celle d’un autre qui nous demanderait des comptes. On parle alors de prise de position réflexive en seconde personne sur soi-même, où le sujet se considère comme devant répondre à des exigences qu’il reconnaît comme valables pour tout agent moral.philarchive+1​

Dimension relationnelle de l’éthique

Les approches de type « second-personal » soutiennent ainsi que les concepts moraux fondamentaux (obligation, devoir, respect, dignité) sont inséparables de pratiques d’adresse mutuelle et de responsabilité réciproque.compass.onlinelibrary.wiley+1​
L’éthique n’est plus pensée seulement comme calcul de bonnes conséquences ou application de principes impersonnels, mais comme réseau de relations où chacun est à la fois capable de formuler des exigences et vulnérable à celles des autres.philarchive+1​